«Credit Suisse? Une orgie de bonus et de dividendes»
12 janvier 2023, publié sur Watson

Inflation, primes maladie, rentes AVS, Europe, nucléaire, droits des minorités, burkini, Credit Suisse, crise sociale en France: Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse, candidat au Conseil des Etats aux élections fédérales d'octobre pour le canton de Vaud, s'est confié à watson.
Le Parti socialiste n’a plus franchi la barre des 20% des voix aux élections fédérales depuis 2003. Autrefois premier parti de Suisse, en 20 ans, il n’a cessé de perdre des sièges, se faisant devancer par l’UDC. A quoi attribuez-vous ce recul constant? Il y a un recul, les résultats le montrent. Mais l’image est contrastée. En Suisse romande, nous sommes restés fréquemment au-dessus des 20% lors des élections fédérales. Le recul a été plus marqué en Suisse alémanique. Je ne suis pas certain que les voix du PS soient allées à l’UDC. Il y a eu l’émergence des Verts. Une partie de notre électorat a rejoint ce camp-là avec l'apparition de la question environnementale.
«Si je prends en compte des données plus locales, j’ai assisté, au cours de ma vie de militant, à une croissance de la gauche»
Comment cela? Quand j’ai commencé la politique dans le canton de Vaud, pas une seule ville n’était à majorité de gauche. Maintenant, elles le sont presque toutes. Et puis, sur les quinze ans que j’ai passés au Conseil d’Etat vaudois, dix l’ont été avec une majorité de gauche à trois socialistes. Ce qui paraissait impossible.
Recul du PS en Suisse alémanique, maintient relatif en Suisse romande: à quoi tient ce röstigraben?
«Il faut remonter au début des années 2000. Jusque-là, les grands cantons alémaniques avaient des résultats supérieurs aux PS romands. La situation s’est ensuite inversée»
C’est l’époque des grands débats au sein de la social-démocratie, où va se nouer le pacte Blair-Schröder, du nom du premier ministre britannique travailliste et du chancelier allemand SPD. Ils ont inventé un «Neue Mitte», un nouveau centre qui larguait les amarres avec la gauche et surtout avec les syndicats. Ce faisant, ces deux grands partis sont passés d’une dépendance aux syndicats à une dépendance aux entreprises, auprès desquelles ils sont allés chercher les financements nécessaires à la vie politique.
Avec quelles conséquences? Cela s’est traduit par des réformes synonymes de libéralisation du marché du travail, des entreprises publiques, du système des retraites, de la protection sociale des travailleurs en général.
«Tous les élus socialistes romands avaient voté non»
Le PS suisse a suivi? Il y a eu une diffusion de ce courant-là en Suisse alémanique davantage qu’en Suisse romande. Des socialistes se sont réclamés de cette nouvelle ligne, à travers le manifeste du Gurten. Avec entre autres pour enjeu la libéralisation du marché de l’électricité en 2002. On a alors assisté à une révolte de la base syndicale et des sections romandes du PS. A Berne, au Parlement, tous les élus socialistes romands avaient voté «non» à cette libéralisation, alors que quasiment tous les Alémaniques du parti, majoritaires, avaient voté «oui». Mais c’est la position minoritaire qui l’a emporté devant le peuple. C’est pourquoi je suis si attaché au maintien des droits populaires.
Au début des années 2000, il y avait un engouement pour l'Europe chez beaucoup de socialistes suisses. C'est l'époque du Traité constitutionnel européen marqué d'une empreinte libérale. L’Europe commençait à tout libéraliser. Ceux qui, à gauche, mettaient l’objectif de l’intégration au-dessus de tout ont considéré qu’il fallait suivre le mouvement.
«Aujourd’hui, nous savons que la libéralisation du secteur électrique était une erreur fatale, qui plonge aujourd’hui le continent dans les affres de la spéculation, de la pénurie et de la dépendance à des Etats autoritaires»
On a vécu au début de ce siècle les prémices du refus, 20 ans plus tard, en 2021, de l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE, auquel vous vous êtes opposé au motif que les salariés suisses risquaient d’y perdre des plumes. Il y a de cela. Hier comme aujourd’hui, l’intégration européenne est un objectif du PS, mais il ne doit pas être supérieur à nos objectifs historiques que sont la protection des salaires et le maintien de services publics forts et, pour en revenir à l’enjeu du début des années 2000, une planification stratégique de l’énergie par l’Etat.
L’Europe est un thème qui, en fin de compte, réussit peu au PS. Qu’en est-il cette année dans le programme du parti? L’intégration de la Suisse dans l’Europe est l’un de nos thèmes de campagne. Ce qui est nouveau au PS, c’est que cet objectif d’intégration est lié à des conditions que sont la protection des salaires et des services publics, la sauvegarde de la démocratie directe.
«Un Etat stratège est plus nécessaire que jamais»
Cette inflexion du PS sur l’Europe épouse vos vues sur la question. Pierre-Yves Maillard est-il plus utile à la tête de l’Union syndicale suisse (USS) qu’au Conseil fédéral? J’ai clairement choisi ce mandat. Il me paraît important de créer une pression par les moyens démocratiques dont nous disposons en Suisse. La crise du coût de la vie qui submerge le monde exige une réponse solidaire. Sinon, les logiques d’affrontement et les mauvaises passions dégraderont nos démocraties. C’est l’action et l’engagement du monde du travail organisé dans des syndicats qui peuvent faire la différence et redonner aux idées de la démocratie sociale une nouvelle force. Un Etat stratège capable d’investir pour l’avenir et de réduire les inégalités est plus nécessaire que jamais.
A ce propos, quel regard jetez-vous sur la France empêtrée dans une réforme des
retraites qui suscite la colère?
«La situation est révélatrice d’un déni démocratique et d’un projet économique à bout»
En quoi est-ce un déni démocratique? L'article 49.3 déclenché par le gouvernement est une disposition constitutionnelle donnant le dernier mot au parlement et pouvant déboucher sur de nouvelles élections législatives, avec, au passage, l'abandon de la réforme des retraites. De l’avis même du gouvernement, jusqu’à la veille du 16 mars, le vote du parlement était considéré comme indispensable à la légitimité démocratique d’une telle réforme. Une fois de plus, la parole gouvernementale s’est révélée inconsistante. Cette absence de légitimité est particulièrement grave à cause du fond de la réforme. Repousser l’âge minimum de départ à la retraite, quand il faut par ailleurs 43 années de cotisation, cela ne touche que celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt. La petite tranche de la population aisée qui soutient encore Emmanuel Macron n’est pas touchée. Il le sait et n’essaie même plus de cacher qu’il ne gouverne que pour celle-là.

«Des signes encourageants» avant les élections fédérales
Venons-en aux élections fédérales d’octobre. Un sondage Tamedia indique que les deux grands sujets de préoccupation des Suisses sont les coûts de la santé et la prévoyance vieillesse, autrement dit des questions de pouvoir d’achat. Pour le PS, on se dit que c’est du pain béni électoral. Il y a là matière à progresser, non? Oui, je dirais même qu’il y a des signes encourageants. Aux élections zurichoises du 12 février, le PS a gagné un siège, celui qu’il avait perdu en 2019. Après des reculs ces deux dernières années dans les cantons de Berne et Fribourg, la dynamique semble être repartie à la hausse pour les socialistes. Tant mieux. Le sondage grandeur nature qui a montré tout notre potentiel, c’est le vote l’an dernier sur AVS21. Même si les Verts étaient avec nous, le combat était porté par les syndicats et le PS.
«Nous avions contre nous le Conseil fédéral, tous les partis de droite, y compris les centristes, les organisations patronales et la plupart des éditorialistes, en tout cas en Suisse alémanique. Malgré cela, nous avons atteint presque 50% des voix et plus de 60% en Suisse romande»
Il est apparu que nous étions majoritaires chez les actifs, chez les femmes et que nous faisions presque jeu égal dans l’électorat UDC, alors que pas un seul UDC connu n’a appelé à voter «non». Pour nous, il y a là clairement un potentiel.
Le grand reproche adressé à la gauche, pas seulement à la gauche suisse, c’est de faire des propositions non finançables sans augmenter les impôts. Exemple: l’indexation des rentes AVS au coût de la vie.
L’indexation des rentes comme des salaires n’est pas un coût, mais une protection contre le lent appauvrissement de la population, qui ne profiterait à personne. C’est pour cela que la Constitution la prévoit s’agissant de l’AVS. Or tous les PLR, les verts libéraux, l’UDC et plusieurs centristes du Conseil des Etats ont refusé de compenser complètement le coût de la vie des rentiers AVS lors de la dernière session des chambres. Chaque ménage de rentier sait désormais à qui il doit une perte de 120 francs en moyenne par an. Si la hausse des prix se poursuit et que la majorité politique ne change pas, ce sont des centaines de francs par an qui seront perdus.
«Cela nécessite une action résolue de l'Etat»
Vous voyez bien, vos propositions de lutte contre le renchérissement du coût de la vie sont perçues comme beaucoup trop dépensières. Par qui? Par ceux qui ne veulent pas voir la réalité. L'inflation est d’environ 3% en Suisse. Sauf qu’elle monte à 5% ou 6% si l’on ajoute la hausse des primes de l’assurance maladie. De même, l'inflation à 3% ne tient pas compte du fait que les biens de première consommation connaissent une hausse des prix beaucoup plus forte, souvent de 5% à 10%. Les gens disposant de peu de marges sont frappés de plein fouet. La rente moyenne AVS est d’à peine 1800 francs, à quoi s’ajoute une petite rente LPP de l’ordre de 1700 francs.
«Cela fait 3500 francs en moyenne pour une personne seule, un peu plus pour un couple, entre 4500 à 5000 francs»
Pour les couples d’actifs aux revenus modestes avec deux enfants, les charges fixes augmentent de manière brutale, obligeant à des coupes brutales dans le budget déjà limité du foyer. C’est la réalité que les gens vivent depuis un an et demi. Et c’est cette réalité qui nécessite selon moi une action résolue de l’Etat.
Le Conseil fédéral estime que les dispositifs de l’aide sociale suffisent. Non, ils ne suffisent pas en l'état. Il faudrait une hausse des subsides au moins égale aux hausses réelles constatées.
«C’est pour cela que l’initiative pour un plafonnement des primes d’assurance maladie à 10% du revenu disponible est centrale»
Ici aussi, ce n’est pas le plafonnement des primes qui génère des coûts. Les coûts sont déjà là et quelqu’un les paie, ce sont les payeurs de primes. Si l’Etat plafonne la prime, il doit simplement se charger de coûts que les familles nombreuses et les personnes à revenus modeste et moyen ne peuvent plus payer. Ceux qui nous disent qu’il n’y a pas assez d’argent pour financer ce dispositif augmentent le budget de l’armée progressivement de deux milliards et ils refusent toutes nos propositions pour modérer les profits que certains milieux font de manière excessive avec notre système de santé. Le système des primes maladie n'est plus tenable.
En tout cas, la gauche fait assaut d’initiatives sociales. Il y a celle sur la treizième rente AVS, lancée par l’USS, par vous, donc. Là encore, une grosse dépense sociale en prévision… Les rentes doivent augmenter ne serait-ce que pour compenser l’inflation et la baisse des rentes dans le deuxième pilier. Nous choisissons l’efficacité et la solidarité avec l’AVS, plutôt que d’investir deux à trois milliards de cotisations LPP supplémentaires dans une réforme votée par la droite dans la session qui vient de s'achever et qui a pour effet de baisser les rentes de la classe moyenne.
«Développer massivement les énergies renouvelables»
Le parlement vient de débattre du futur énergétique de la Suisse. Un sondage paru dimanche 12 mars indique que 55% des Suisses sont favorables au nucléaire pour contrer les pénuries d'électricité dans le pays. Quel est votre avis sur le nucléaire? Les sondages sont une chose, mais les décisions populaires en sont une autre. Et la sortie du nucléaire a été décidée par le peuple. De toute façon, je ne vois pas comment nous installerions une nouvelle centrale nucléaire dans un pays où il est si difficile d’installer une éolienne. Nous devons maintenant développer massivement les énergies renouvelables, dont le potentiel est immense pourvu qu’on se décide enfin à l’utiliser. Pour cela, il faut un environnement sûr pour les investissements, c'est-à-dire de la planification et non pas de la libéralisation. La révision de la loi sur l’approvisionnement électrique que nous avons discutée lors de la dernière session va dans ce sens
Credit Suisse: une «orgie de bonus et de dividendes»
L'Etat stratège que vous appelez de vos vœux, c'est aussi un Etat pompier quand la situation l'exige. Le sort de Credit suisse est incertain. La Banque nationale suisse (BNS) a-t-elle eu raison de se porter garante? La BNS et le Conseil fédéral sont une fois de plus contraints d’agir pour éviter une catastrophe en chaine. Cette affaire montre que le capitalisme financier a besoin de l’Etat toujours plus souvent. Dès lors l’affaiblissement de la capacité de l’Etat à assurer la sécurité sociale et le service public devient insupportable. Maintenant, ça suffit. Après ce sauvetage, le haut de l’échelle devra payer sa contribution à la lutte contre la crise qui vient. Surtout qu’elle a été provoquée par l’orgie de bonus et de dividendes à laquelle on a assisté ces dernières années.
Le PS a résolument investi les questions sociétales, en premier lieu la défense des minorités. Electoralement parlant, est-ce judicieux?
«De quoi la gauche est-elle née? Elle est née d’une souffrance majeure du monde du travail. La mission historique de la gauche est d’améliorer les conditions d’existence du monde du travail. Ce combat n’est pas terminé. Il ne le sera probablement jamais»
D’autres combats sont maintenant les nôtres: la lutte contre les discriminations, la défense des minorités ethniques ou d’orientation sexuelle, le combat des femmes en particulier, central dans l’histoire de la gauche. Il n’y a pas d’opposition à faire entre ces différents thèmes.
«L’adolescence est un temps où l'identité évolue»
Mais il arrive que les questions sociétales dominent dans les discours. Cela devient problématique lorsqu’on renonce à notre mission de base, qui est de se battre pour les droits sociaux du plus grand nombre, celui, encore une fois, du monde du travail. Quand on délaisse cette tâche pour ne se concentrer que sur les autres aspects, alors on perd des soutiens. Pour bien mener les combats sociétaux, il faut bien mener les combats sociaux.
«Quand on a le frigo vide, qu’on n’est pas sûr de pouvoir donner une alimentation saine et équilibrée à ses enfants, beaucoup de débats qui occupent la politique ne sont plus compris»
Que pensez-vous des débats sur les transitions de genre? Le 2 mars, un reportage de Temps présent consacré à la détransition s’est attiré les foudres de militants transgenres. Je n’ai pas vu cette émission. Je suis pour qu’on laisse cheminer les enfants dans la liberté et le respect de ce qu’ils sont, en prenant en compte que l’adolescence est un temps à protéger, un temps où l'identité évolue.
«Une partie terrible est en train de se jouer»
Vos propos sont très prudents… Je ne suis ni compétent ni obligé de m’exprimer sur tous les sujets qui occupent l’actualité médiatique. Sur la jeunesse, après la crise Covid, ce qui me préoccupe, c’est surtout la nécessité d’investir massivement pour renforcer l’école, l’accès au sport et aux activités culturelles. Une partie terrible est en train de se jouer entre, d’un côté, notre civilisation, celle de l’interaction entre les individus, et, de l’autre, les marchands de temps de cerveau disponible, qui lancent sur les jeunes des offensives d’une grande brutalité en vue de provoquer leur addiction.
Etes-vous pour ou contre le port du burkini dans les piscines genevoises? La gauche de la Ville de Genève a voté un changement de règlement des piscines autorisant de facto ce vêtement de nature religieuse. D’abord, je relève que la campagne des socialistes genevois pour les élections cantonales d’avril porte sur les loyers, les services publics, la fiscalité ou le remboursement des soins dentaires, des thèmes à la fois classiques et centraux. Le débat municipal sur les piscines à Genève n’est ici pas un sujet. Cela étant, sur la question des accommodements avec des pratiques religieuses dans leurs aspects souvent les plus rigoristes, j’ai des réserves connues.
C’est-à-dire? Nous sommes dans un champ de tensions. D’un côté, il y a des personnes qui se sentent frustrées de ne pas pouvoir exprimer leurs convictions dans l’espace public comme elles le voudraient. Mais de l’autre, il y a toutes ces jeunes filles qui mènent un combat difficile, souvent discret, à l'intérieur de leur propre famille, contre les contraintes patriarcales et religieuses de toutes sortes qu’on fait peser sur elles. A gauche, nous sommes toujours plus nombreux à penser que dans ce champ de tensions, il faut être d’abord du côté de ces jeunes filles.
«Or un cadre laïque clair dans l’espace public les aide dans leur combat privé. Cela me paraît cohérent avec la lutte pour la liberté des femmes en Iran et ailleurs dans le monde»
En Suisse, l’UDC instrumentalise ces questions à des fins identitaires, mais quand il s’est agi de voter une résolution qui invitait le Conseil fédéral à adopter les sanctions européennes pour protester contre la répression en Iran visant notamment les femmes, l’UDC a voté contre. C’est la gauche avec le Centre et les Verts libéraux qui a fait passer cette résolution, contre l’avis du PLR et de l’UDC.
Que pensez-vous des bons vœux adressés le 12 février par le président de la Confédération Alain Berset à son homologue iranien pour l’anniversaire de la création de la République islamique? On peut ajouter à votre question la défense par Ignazio Cassis de la visite de l’ambassadrice suisse à Qom vêtue d’un tchador. Dans ce registre, je préfère l’attitude du parlement, qui a pris des positions plus courageuses.
Que vous inspire l'affaire Dittli qui agite l'exécutif du canton de Vaud où vous avez longtemps siégé?
Je crois qu'il faut attendre l'expertise indépendante commandée par le Conseil d'Etat avant de commenter davantage cette affaire.
«J’ai de l’énergie et des convictions intactes»
Vous êtes à nouveau candidat aux élections fédérales, cette fois-ci pour un poste de sénateur. Or vous avez siégé au National de 1999 à 2004, y avez été réélu en 2019. Dans l'intervalle, vous avez siégé quinze ans durant au Conseil d’Etat vaudois. N’était-il pas temps de laisser la place? Avant de faire de la politique professionnellement, j’ai été enseignant, puis syndicaliste de terrain. Aujourd’hui, je pourrais jouir d’une retraite d’ancien conseiller d’Etat. Mais je suis au milieu de la cinquantaine, j’ai de l’énergie, de l’expérience et des convictions intactes. Donc je me mets à disposition pour continuer le combat. Le mouvement syndical, mon parti estime que je peux leur être utile, donc j’y vais. Et c’est le peuple qui aura le dernier mot.